Dépistage et suivi

Le saturnisme correspond à l’intoxication par le plomb, un métal lourd aux effets toxiques. Cette intoxication peut avoir des conséquences graves et définitives sur le développement psychomoteur de l’enfant. Le saturnisme de l’enfant et de la femme enceinte est un problème majeur de santé publique.

Les jeunes enfants sont particulièrement exposés car ils portent tout ce qu’ils touchent à leur bouche. De plus, l’absorption digestive du plomb est plus importante chez eux. Enfin, leur système nerveux en plein développement les rend tout particulièrement sensibles aux effets toxiques du plomb.

Dépistage

Chez l’enfant, la symptomatologie est souvent absente ou tardive, et lorsqu’elle existe, elle est non spécifique (symptômes neurologiques et digestifs ainsi qu’anémie). En dehors de l’encéphalopathie saturnine lors d’intoxications sévères (hypertension intracrânienne avec convulsions), on peut observer des céphalées, des troubles de l’humeur, du comportement (hyperactivité), de la motricité, et une baisse des performances scolaires. Les signes digestifs sont variables (douleurs, diarrhée, constipation, manque d’appétit).

Chez les femmes enceintes, le plomb peut augmenter les risques d’avortement, d’hypertension artérielle, de retard de croissance intra-utérine et provoquer une altération du développement cérébral du fœtus.

Le diagnostic repose sur la plombémie. Le dosage doit être réalisé par un laboratoire de référence. En France, un cas de saturnisme est défini par une plombémie ≥ 50 μg/L.

Le dépistage repose sur le repérage des enfants et des femmes enceintes exposés, par une démarche ciblée, prenant en compte des facteurs de risque individuels et environnementaux:

Séjour dans un logement dégradé datant d’avant 1949 ?
Écailles de peinture accessibles ?
Travaux de rénovation dans un lieu de vie de l’enfant ?
Proximité d’une source d’exposition industrielle ?
Frère, sœur ou camarade intoxiqué ?
Population itinérante ?

Cette démarche exige des actions conjointes des services publics  (services sociaux, hygiène, logement) et de santé (PMI, médecins généralistes, pédiatres, santé scolaire, hôpitaux et administrations de la santé).

Suivi

Le système de surveillance du saturnisme est coordonné par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) et repose sur le médecin prescripteur, le laboratoire, le centre antipoison et le médecin inspecteur de santé publique de l’Agence régionale de santé. La fiche de déclaration obligatoire peut être téléchargée sur le site des formulaires en ligne de l’État Ici

Tout enfant atteint doit bénéficier d’une surveillance renforcée du développement neuropsychologique, notamment aux âges clés : 9 et 24 mois, 3-4 ans et 5-6 ans en école maternelle. Le suivi doit être poursuivi au-delà de 6 ans.
Il est recommandé de noter les résultats sur le carnet de santé de l’enfant.

Un contrôle de la plombémie doit être effectué régulièrement (tous les 3 à 6 mois) jusqu’à normalisation, et tous les 6 mois à 1 an jusqu’à disparition du ou des facteurs de risque.

Le plomb ingéré ou inhalé est stocké dans les os où sa demi-vie est de 20 ans. Il sera relargué tout au long de la vie, tout spécialement pendant la grossesse durant laquelle le plomb franchit la barrière placentaire. Les petites filles qui s’intoxiquent aujourd’hui intoxiqueront donc leur fœtus quand elles seront enceintes.
Les femmes enceintes exposées au plomb ou intoxiquées dans l’enfance doivent donc être surveillées, avec dosage de la plombémie au quatrième mois de la grossesse.