Ile de La Réunion

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Intoxication au plomb de 76 enfants du fait de la proximité d’une décharge sauvage contenant des batteries usagées

En avril 2009, lors de son hospitalisation, un enfant du quartier de l’Oasis de la ville du Port, près de St Denis de La Réunion, se révèle atteint de la maladie du saturnisme. Son cas sonne l’alerte. Deux ans plus tard l’investigation menée auprès des autres enfants du même milieu de vie où se pratique la récupération des vieilles batteries sur un sol sablonneux lui-même pollué, aboutira à la détection de 76 cas de saturnisme infantile au sein de 87 familles.

Faisant face à cette situation, les autorités civiles et les services de santé et d’urbanisme se mobilisent en concertation pour parvenir au plus vite au relogement de toutes les familles. A ce jour, toutes les familles sont effectivement relogées sur 24 communes de l’ile, ce dont on ne peut que se réjouir, au regret de l’inévitable dispersion. Au regret aussi de voir qu’en métropole même, face à l’habitat indigne où stagnent des familles avec des enfants malades, une telle mobilisation des pouvoirs publics ne se constate guère. Certes la dispersion des familles n’est pas sans poser problème par rapport à l’unité du groupe social que constituaient ces familles sur un même lieu de vie, mais du moins le plus important a-t-il été assuré en retirant des enfants d’un milieu de vie hostile à leur santé.

Dès la connaissance de ce drame, l’A.F.V.S. s’est souciée d’établir le contact avec les familles et l’instance sanitaire de l’ARS-OI (Agence Régionale de Santé – Océan Indien). Un responsable de cette même instance, M. Jean-Claude DENYS, a eu alors l’obligeance de nous rendre visite au siège de l’association de l’AFVS, le 15 juin dernier. Son exposé, diaporama à l’appui, nous a éclairés fort opportunément sur la situation. Au même moment, l’AFVS lui faisait part de son souci de voir s’effectuer une bonne information des familles sur la pathologie du saturnisme et de la nécessité du suivi médical, dans le temps, des enfants malades désormais dispersés.

Concernant les familles, les contacts réalisés sur place, notamment par l’intermédiaire et le soutien précieux de Me Mihidoiri ALI, avocat au barreau de St Denis de La Réunion et ami de l’AFVS, ont permis la création, en partenariat avec l’AFVS, de l’AFVSR (Association des Familles Victimes du Saturnisme de La Réunion). A la demande réitérée de la nouvelle association de voir un membre de l’AFVS venir participer à la première assemblée générale de l’association en septembre dernier, l’AFVS a répondu par l’envoi de son secrétaire général.

Accueilli à l’aéroport de Ste Marie, le vendredi 16 septembre, par les trois membres du bureau en compagnie de Me Mihidoiri ALI, une première séance de travail a aussitôt consisté, après avoir fait plus ample connaissance, à établir le déroulement de la première assemblée générale pour le lendemain. Ce faisant, la situation nouvelle des familles était évoquée ainsi que les liens inter-associatifs établis ou en perspective (CIMADE – DAL – CISS/OI). Enfin, une nouvelle rencontre avec les représentants de l’ARS-OI était suggérée pour la tenir après la première assemblée générale de l’AFVSR.

Le lendemain, samedi 17 septembre, la première assemblée générale avait lieu, réunissant une cinquantaine de personnes dans les locaux de la médiathèque du Port, (à quelques pas du quartier de l’Oasis qu’il me sera donné de parcourir plus tard en compagnie de Me Mihidoiri ALI et des membres du bureau de l’association). Deux maires adjoints y sont présents pour l’accueil et participent à la rencontre. Les familles se retrouvent pour la première fois après la dispersion due aux relogements. La projection du film « Du plomb dans la tête » permet alors à tous d’accéder à une meilleure connaissance de la pathologie du saturnisme avec ses conséquences. Les interventions soulignent ensuite l’importance pour les familles de sauvegarder leur solidarité au moyen de leur association, et ce malgré la dispersion et l’éloignement des familles, pour le bien des enfants et leur suivi médical dans le temps.

Troisième et dernier moment d’importance du séjour, le mardi 20 septembre : la rencontre de deux représentants de l’ARS-OI, M. Jean-Claude DENYS et le Dr Renault. Cette rencontre donne lieu à un échange ouvert et cordial sur les attentes réciproques, avec pour fond le souci du suivi médical des enfants, quel que soit le nouveau lieu d’habitation. A cette fin, les représentants de l’ARS-OI n’ont pas caché le rôle que l’AFVSR pouvait tenir.

Que soient remerciés tous ceux qu’il m’a été donné de rencontrer pendant ce bref séjour, et plus particulièrement notre ami avocat, Me Mihidoiri ALI, pour le dévouement dont il a fait preuve en vue de la création de l’AFVSR ! Pour l’avenir, je re-formule le souhait que les familles s’approprient vraiment les instances de leur association pour en faire un instrument efficace au service de la santé de leurs propres enfants. Pierre GELOT, Secrétaire général

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