Nos enfants s’intoxiquent-ils dans leur école ?

Nos enfants s’intoxiquent-ils dans leur école ?

Cette question, beaucoup de parents ne se la posent pas, ayant confiance dans les pouvoirs publics pour protéger leurs enfants. Pourtant, la réalité n’est pas si idyllique. Les parents d’enfants scolarisés dans une école élémentaire du 18e arrondissement parisien l’ont appris à leurs dépens.

Un diagnostic plomb mené en 2007 montrait la présence de plomb accessible aux enfants… et ensuite ? Rien, pas une seule action n’a été menée pour arrêter l’intoxication des enfants. Combien d’écoles à Paris et dans le reste de la France sont-elles dans ce cas ?

Eté 2009 : La prise de conscience

Le directeur et les parents d’élèves de l’école du 7 rue Championnet s’intéressent à des travaux menés dans l’établissement, dans des conditions peu satisfaisantes. Parallèlement, une mère d’élève, particulièrement sensibilisée au saturnisme, demande un diagnostic plomb dans l’école. Les responsables des affaires scolaires du 18e arrondissement se veulent rassurants et… ne font rien.

Depuis 2007, calme plat. Les enfants s’intoxiquent.

Dans ce contexte, le directeur prend connaissance d’un diagnostic plomb mené en 2007 et uniquement dans les cages d’escalier. Celui-ci avertit que du plomb est accessible. Pourtant, rien n’a été entrepris depuis. Les manquements à la prudence sont criants :

  •  ni le directeur, ni les parents d’élèves n’ont été mis au courant,
  •  le diagnostic plomb n’a pas été étendu au reste de l’école,
  •  aucune procédure n’a été entamée pour rendre le plomb inaccessible ou, mieux encore, éradiquer le plomb dans tout l’établissement.

Des propositions de travaux bancales

Face à la fronde des parents, la mairie propose de mener les travaux dès les vacances d’hiver 2009-2010. Mais les conditions de réalisation des analyses prévus en fin de chantier ne sont pas satisfaisantes. Le temps prévu n’est pas suffisant et, en cas de présence persistante de poussières de plomb, les enfants réintégreraient de toutes façons l’école. Les parents s’opposent farouchement à ces travaux.

Un diagnostic inquiétant

Fin janvier, le diagnostic plomb est mené dans l’école entière. Au total, 85 unités (fenêtres, portes, rampes…) dans les couloirs, les salles de classe, le réfectoire, présentent du plomb accessible. Finalement, les services de la mairie de Paris proposent :

  •  une première partie des travaux durant les vacances de février (escaliers, couloirs et protection dans les salles de classe),
  •  des travaux complémentaires durant les vacances de printemps ;
  •  une prise de sang de tous les enfants pour établir leur plombémie à la rentrée des vacances de février (par le laboratoire d’hygiène de la ville de Paris).

Une question reste : combien d’écoles à Paris et dans le reste de la France ont-elles encore des peintures au plomb ? Combien d’enfants s’intoxiquent chaque jour en se rendant dans leur établissement ?

Au dernier Conseil de Paris, le 9 février, Ian Brossat a présenté le vœu que les écoles élémentaires face l’objet d’une attention soutenue en termes d’exposition au plomb. Il a été accepté.

Pour rappel

L’ingestion ou l’inhalation de plomb provoque une maladie appelée saturnisme. Celle-ci a des effets irréversibles sur le développement moteur des enfants et entraîne des troubles du comportement (somnolence ou hyper activité). Une petite fille contaminée transmettra le plomb retenu dans ses os à ses futurs enfants.

L’AFVS demande qu’une véritable campagne de diagnostics soit menée dans tous les établissements scolaires et que des travaux palliatifs soient menés le cas échéant, avec les précautions nécessaires pour les enfants et pour les ouvriers.

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